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Re: [Fsfe-france] encore un exemple: Amazon a depose un brevet sur les b


From: philippe hervier
Subject: Re: [Fsfe-france] encore un exemple: Amazon a depose un brevet sur les bons d'achat virtuels
Date: Thu, 28 Aug 2003 13:15:44 +0200
User-agent: Mozilla/5.0 (Windows; U; Windows NT 5.1; en-US; rv:1.4) Gecko/20030529

Bonjour,

Cette nouvelle discussion me semble particulièrement bienvenue. Commenter un cas concret, même si cela peut être un peu réducteur par rapport au sujet, devrait permettre d'éviter que chacun ne fasse que prêcher pour sa chapelle sans écouter les arguments de l'autre partie.

Je ne suis pas juriste, l’analyse que j’ai fait de ce brevet est celle d’un professionnel de l’informatique.

Pour analyser ce brevet je suis parti de l’étude des revendications. La description est constituée de La reprise de la description du brevet américain d’AMAZONE un peu modifiée, elle contient beaucoup plus de détails techniques que les revendications mais la plupart ne concernent pas l’invention en temps que telle. La valeur de ce document de description me semble d’ailleurs un peu flou. Il contient beaucoup de choix techniques qui me semblent avoir autant de justification à être brevetés que l’intitulé de l’invention. J’ai pris comme présupposé que tout ce qui n’apparaissait pas dans les revendications n’était pas couvert par le brevet mais cela mérite peut être une validation juridique.

Après ce préambule, et sous réserve d’une mauvaise compréhension du rôle du document de description,
on peut voir que ce brevet à quelques particularités intéressantes :

Il n'est pas technique :

Malgré l'utilisation intensive des mots courriers électroniques, base de données ou Internet, toute les fonctionnalités décrites dans le brevets pourraient être réalisés en employant des dossiers papier et des courriers postaux. Cella permet au moins de montrer que les brevets permettent de protéger une idée, en l'occurrence l'idée est ici que l'on peut faire envoyer un cadeau
à quelqu'un en utilisant le web.

Sa description est elle suffisante pour un homme de l'art ?

Effectivement, après un peu de réflexion on arrive à comprendre ce que cela veut dire, par contre si je devais relire ce texte dans un cahier des charges rédigé par un informaticien, je le ferais refaire. La description est inutilement complexe pour décrire les fonctionnalités, je pense qu'il est possible de dire la même chose plus clairement et plus simplement en une page. En disant cela je ne remet pas en cause les compétences des rédacteurs mais je pense que la nécessité de montrer que l'on avait à faire à une invention technique et innovante, alors que cela n'a rien d'évident au premier abord, pousse à compliquer inutilement la rédaction. En clair, pour pouvoir donner cela à un sous traitant on aurait besoin de tout réécrire
et repenser pour pouvoir l'utiliser.

Est ce que la connaissance de ce brevet permet de n'avoir plus que des tâches d'exécution ?

Avec ce brevet on pourrait écrire une demi page dans un cahier des charges. Ce n'est en aucune façon un document de spécification, les choix d'architecture qui sont indiqués dans celui-ci sont beaucoup trop flous. On peut donc estimer que la connaissance de ce brevet pourrait faire gagner quelques heures de travail d'un consultant fonctionnel chargé de la rédaction d'un cahier des charges. Sous entendu qu'il reste à faire après cela tout le travail d'architecture, de spécification, de conception avant d'attaquer les phases d'exécution qui pourraient être constitués par la réalisation, l'intégration, et le test. Je ne pense donc pas que ce brevet permette de n'avoir plus que les taches d'exécution à effectuer mais plutôt qu'il économise deux heures dans les phases amonts qui se chiffreraient en semaines pour des développements qui seraient de l'ordre de quelques mois.


Ce brevet me semble donc un bon exemple pour montrer sa difficile applicabilité au logiciel. Il semble n'être qu'une "business method" normalement non brevetable et pourtant l'OEB l'a autorisée, de plus son apport technique pour un éventuel licencié est proche de zéro. Dans ce cas le brevet est un excellent moyen pour faire peur au concurrents et pouvoir exercer des pressions sur eux, par contre je ne voit pas l'intérêt pour
l'évolution de la technologie.


Cordialement, Philippe Hervier



BREESE MAJEROWICZ : Pierre Breese wrote:

Bonjour`

Vous pouvez vous procurer le texte complet de ce brevet, ainsi que tout les
échanges entre le déposant et l'examinateur de l'OEB en charge du dossier
sur le site www.epoline.org "Online file inspection" en saisissant le numéro
de publication 0927945

A noter que le délai d'opposition expire le 13 septembre 2003, et que tout
ceux qui considère que le procédé revendiqué serait évident et ont un
intérêt à agir ont la possibilité d'engager une procédure d'opposition
conduisant à la révocation de ce brevet s'ils peuvent justifier de leur
point de vue.

Le procédé doit être décrit "de façon suffisamment complète et claire" pour
que l'homme du métier (i.e. un développeur informatique) soit en mesure de
mettre en oeuvre l'invention brevetée, par des simples tâches d'exécution.
L'écriture de lignes de code pour réaliser une fonctionnalité fait partie
des connaissances de l'homme du métier, et il n'est pas nécessaire que la
description comporte les lignes de code pour l'implémentation de
l'invention.

Le niveau de détail de la description doit être du niveau d'un cahier de
spécifications qui serait remis à une SSII pour le développement du procédé
revendiqué.

En l'occurence, la description de 37 pages de cette solution AMAZON me
semble répondre à ce critère. Sinon, ce serait un motif de nullité et
d'opposition.

Ce brevet (comme tout les brevets informatiques) ne protège pas "le
programme - c-à-d ses lignes de code - en tant que tel". Les lignes de code
sont protégées de manière complémentaire par le droit d'auteur. Le brevet
protège une succession d'étapes techniques, et ce quel que soit le langage
informatique et les lignes de code implémentées.

Si cette succession d'étapes n'était pas inventive, à la date de priorité de
ce brevet EP0927945, il pourra être annulé, éventuellement par la voie de
l'opposition.

Pourquoi pas faire de ce brevet un cas pratique qui permettrait de sortir
des discussions fantasmagoriques et approximatives ?

Bien cordialement

Pierre BREESE

----------------------------------------------------------------------------
BREESE MAJEROWICZ Conseil en Propriete Industrielle
        3, avenue de l'Opera 75001 PARIS
 Tel. 33 (0)1 47036777  Fax 33 (0)147036778
   <http://www.breese.fr>   Mel. address@hidden







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