[Top][All Lists]
[Date Prev][Date Next][Thread Prev][Thread Next][Date Index][Thread Index]
[Fsfe-france] DRM Libres, quelques reflexions
From: |
Loic Dachary |
Subject: |
[Fsfe-france] DRM Libres, quelques reflexions |
Date: |
Tue, 30 Sep 2003 00:56:13 +0200 |
Bonsoir,
Ref: http://sourceforge.net/projects/oggs/ (DRM libre)
Pour les insomniaques, une synthèse de mes premières
reflexions sur le sujet des DRM, largements inspirées par l'existence
du DRM Logiciel Libre ci dessus et de discussions avec Christophe
Espern.
. Un DRM ne peut être libre qu'à la condition qu'il s'appuie
sur des formats, protocoles et méthodes de cryptages qui ne
sont pas sous le contrôle de tiers. Ils sont libres ou,
comme on le dit plus souvent pour les protocoles et
formats, ouverts. Il n'est pas suffisant que le programme
soit sous licence Logiciel Libre, il faut nécessairement
qu'il n'entretienne pas de dépendance avec des formats,
protocoles ou méthodes de cryptage propriétaires.
. Un tel DRM libre contrôle l'usage des oeuvres mais donne
aussi, par définition, le droit à l'utilisateur de
contourner ce contrôle d'usage. Le respect des lois est de
la responsabilité de l'utilisateur. C'est donc l'équivalent
d'une solution de e-commerce dédiée aux oeuvres
culturelles. Ses caractéristiques techniques sont cependant
identiques à celles des DRMs, il en mérite donc le nom. La
seule et différence est qu'un DRM libre ne prétend pas être
inviolable (sans égard pour les circonstances ou une telle
violation serait licite). Au contrairre, les DRMs
propriétaires, par l'utilisation de formats, protocoles ou
méthodes de cryptage propriétaires et le secret entourant
le programme tentent d'atteindre l'inviolabilité, sans y
parvenir. La différence tient donc dans la pretention à
être inviolable et non dans l'inviolabilité elle même.
Ceci étant posé, qui faudrait-il convaincre ?
. Les majors ne seront pas séduits. Sans présumer de leur
compétence en ces matières, il est sage de supposer que les
concepteurs de DRM propriétaires qui sont leurs
fournisseurs indiqueront que les DRM libres ne prétendent
pas être inviolables. N'oublions pas que ces mêmes
fournisseurs entretiennent encore avec succès l'illusion
pour laquelle leurs clients engloutissent des centaines de
millions: réaliser un système "inviolable".
. L'immense majorité des petits acteurs de l'industrie audio
visuelle sont en état de totale dépendance vis à vis des
majors (cf 0D2 qui adhère au DRM sous pression des majors
qui lui fournissent son contenu). Ils suivront le lead des
majors sur ce sujet, comme sur l'EUCD.
. Le gouvernement actuel est exclusivement à l'écoute des
majors, l'avant projet de loi transposant l'EUCD laisse peu
de doute sur ce point. Les commissions européennes les plus
puissantes sont influencées de la même façon, comme a pu le
montrer le processus de proposition de la directive sur les
brevets logiciels (rédaction par un représentant du BSA par
exemple).
. Les députés, français et européens. Le vote sur la
directive brevets logiciels a montré leur attachement à une
saine concurrence et à l'interopérabilité. Certes,
l'énergie dépensée par les activistes anti-brevets
logiciels pour provoquer cette prise de conscience a été
gigantesque. Mais actuellement le mot "interopérabilité" et
"saine concurrence" sont chargés de sens.
. Les acteurs tels que magnatune.com. Ils sont à l'écoute
mais ignorent les DRMs parcqu'inutiles. Ils s'appuient
sur le droit d'auteur.
Et convaincre de quoi ?
. Il me parait possible de convaincre les parlementaires de
l'intérêt d'un DRM libre pour des raisons
d'interopérabilité. Mais ça me semble enfoncer une porte
ouverte.
. Il me parait plus difficile de convaincre les
parlementaires de la nécessité pour tous les DRM d'être
basés sur des standards ouverts. Autrement dit de légiférer
afin qu'un DRM soit licite seulement s'il s'appuie sur des
standards ouverts. Bien qu'une forte pression s'exerce déjà
afin d'imposer la publication de formats ou protocoles
propriétaires dont les Etats sont venus à dépendre, il
reste encore beaucoup de chemin à parcourir. C'est un
l'angle le plus prometteur pour réduire la nocivité des
DRMs mais l'existence ou non d'un DRM libre n'y change
rien.
. Les majors, les acteurs qui en dépendent et le gouvernement
sont imperméables.
. magnatune.com serait probablement hostile à un DRM, même
libre. Ils seraient, par contre, probablement interessés à
ajouter des fonctions d'aide au respect des licences dans
leur ensemble de technologies, afin de mieux instruire les
utilisateurs de leurs droits et devoirs. C'est la même
chose qu'un DRM libre mais ça n'en porte pas le nom chargé
de connotations négatives. Cependant, comme il ne s'agit
pas pour eux d'un point vital, je doute qu'ils soient très
receptifs.
. les futurs entrepreneurs souhaitant suivre les traces de
magnatune.com. Avec un "DRM libre" et à supposer qu'ils
n'ont pas l'engagement philophique fort de magnatune.com,
peut-être cela les rassurera-t-il.
En conclusion, je vois deux pistes prometteuses:
. participer à l'objectif long terme d'obligation de publication des
protocoles, formats ou méthodes de cryptage. Le DRM libre fournissant
un exemple dans un contexte particulièrement conflictuel.
. promouvoir le "DRM libre" comme moyen d'information légale
non contraignant auprès des entrepreneurs qui inventent une
industrie de la culture ou la jouissance des oeuvres culturelles
à des fins non commerciales est donnée à tous.
J'espère ne pas avoir été trop ennuyeux, ça m'a aidé de coucher tout
ça par écrit.
A++,
--
Donate to FSF France online : http://rate.affero.net/fsffrance/
Loic Dachary, 12 bd Magenta, 75010 Paris. Tel: 33 1 42 45 07 97
http://www.fsffrance.org/ http://www.dachary.org/loic/gpg.txt
- [Fsfe-france] DRM Libres, quelques reflexions,
Loic Dachary <=