[Fsfe-france] droit du lecteur ?

[François ELIE]

Bonjour,

Il me semble qu'il y a un droit du lecteur : celui d'écrire !
Cela semble une boutade. Mais il y a quelque chose derrière.

Lire avant l'internet, c'est lire que d'autres peuvent écrire, parce qu'ils 
ont trouvé un éditeur, un imprimeur, un libraire. (Et apprendre à lire pour 
le plus grand nombre, c'était apprendre à lire sa feuille d'impôt et les 
arrêtés sur les placards des mairies, tandis qu'enseigner l'écriture c'était 
donner le pouvoir ou transmettre une amertume. Enseigner à écrire pour tous 
et enseigner à lire ce que tous peuvent écrire, cela devrait changer un peu 
l'enthousiasme de l'enseignant!).  

Désormais, nous pouvons tous écrire sur le Grand Livre. Le droit d'auteur tel 
qu'il est défendu aujourd'hui de manière crispé, c'est le droit de ceux qui 
protègent leur pouvoir d'écrire contre ceux qui auraient maintenant la 
liberté d'écrire : les lecteurs.

On revient toujours à l'idée suivante : ceux qui veulent nous empêcher de 
copier ce qu'ils écrivent essaient en fait de nous empêcher de donner à lire 
ce que nous aurions aujourd'hui la liberté d'écrire.

Je crois qu'il ne faut pas se tromper de combat.
Lutter pour avoir le droit de copier des "originaux" détenus par des 
propriétaires patentés ?
Lutter pour garder ce droit nouveau, de permettre à n'importe qui de copier (à 
l'identique - on est sorti du modèle platonicien où la copie est inférieure à 
l'original : la copie est l'orginal!)  l'"original" que je donne ?

Les deux combats n'en font-ils qu'un ?
Je crois qu'il faut distinguer trois questions :
1. Faut-il paraître encourager cette lame de fond qui copie tout ce qui bouge, 
avec tous les graveurs de la création ?
2. Faut-il seulement défendre un droit d'*exception* à la copie privée ? On 
risque la confusion avec la question 1 à son corps défendant. Et comment 
trouver les principes des exceptions ?
3. Faut-il faire surtout très attention et très clairement à ce qu'on ait 
toujours le droit de donner ce qu'on fait ? Et le devoir de donner ce qui - 
vendu - serait un vol au bien public ?

@+
François Elie